Bien qu’illégale, la prostitution en Chine est abondamment pratiquée. Elle n’est certes pas aussi visible que dans certains pays mais les nombreuses couvertures qu’elle rêvait sont connues de tous. Les prostituées chinoises opèrent essentiellement dans les hôtels (surtout les hôtels 5 étoiles), dans les karaokés, dans les discothèques et dans les salons de massage.
Dans les zones rurales ou périphériques, les maisons closes sont souvent déguisées en salons de coiffure où les arrière-boutiques fournissent un fonds de commerce insoupçonné.
Il faut savoir qu’en termes de législation liée à la prostitution, on distingue trois grands courants :
- L’approche réglementariste où la prostitution est règlementée car considérée comme une activité professionnelle à part entière. C’est le cas dans certains pays d’Europe comme en Allemagne, aux Pays-Bas ou en Suisse.
- L’approche abolitionniste où la prostitution est une forme d’exploitation qui doit être abolie. Elle n’est pas réglementée et la lutte s’oriente exclusivement sur le proxénétisme, les prostituées étant des victimes non punissables. Certains pays abolitionnistes condamnent également les clients, c’est le cas des pays scandinaves.
- L’approche prohibitionniste est moins tolérante envers l’industrie du sexe. Les proxénètes sont condamnables, tout comme les prostituées et leurs clients. Les Etats-Unis sont prohibitionnistes au même titre que de nombreux pays asiatiques ou musulmans.
A l’instar des Etats-Unis, la République Populaire de Chine a une approche prohibitionniste de la prostitution, c’est-à-dire que les prostituées et les proxénètes sont des criminels et sont donc condamnables. Les clients aussi peuvent être condamnés. Macao et Hong Kong eux ne sanctionnent pas la prostitution mais seulement le proxénétisme.
Eradiquée sous l’ère de Mao, c’est seulement à partir des années 80 que le gouvernement chinois s’est véritablement emparé du sujet de la prostitution dans le pays. Jusque là, le code pénal ne faisait aucunement référence à l’activité de prostitution. Il a fallu attendre 1987 pour voir la première réglementation nationale en la matière, avec la « Security administration punishment régulations » qui interdisait de « vendre des services sexuels » ainsi que « d’avoir des rapports sexuels avec une prostituée. »
La prostitution est devenu un objet distinct de classification légale au début des années 1990, en réponse aux demandes du ministère de la Sécurité Publique et de la Fédération Nationale des Femmes. C’est alors que le Congrès National a adopté une série de lois qui élargissaient considérablement les champs d’application et de contrôle de la prostitution.
Ces décisions de 1991 interdisaient strictement la vente et l’achat de services sexuels et renforçait la sévérité punitive des actions liées au proxénétisme et notamment au trafic des femmes et des enfants.
La révision du code pénal de 1997 a donné une orientation plus abolitionniste de la prostitution en Chine en se focalisant davantage sur les faits de proxénétisme et de crime organisé qui se cachent derrière l’industrie du sexe. Pour la première fois la peine de mort peut être appliquée pour des faits aggravants de proxénétisme.
Les lieux de divertissements sont alors pointés du doigt et mis sous surveillance renforcée. Le « règlement sur la gestion des lieux publics de divertissements » voit le jour en 1999 et interdit toute une gamme de pratiques commerciales visant à vendre du sexe dans ces lieux et impose l’octroi de licences afin qu’un contrôle soit effectué quant à l’aménagement de l’espace intérieur.
Opérations coups de poing
Les sanctions encourues par des prostituées et leurs clients sont assez légères contrairement au proxénétisme qui lui est sévèrement réprimé. Il s’agit généralement d’amendes ou de quelques jours de prison, cela dépend des villes et des régions.
Les autorités chinoises privilégient les opérations coups de poing, dispersées mais très médiatisées. En janvier 2006, par exemple, les autorités ont lancé une campagne de répression sur les salons de massage et les discothèques à Shenzhen dans le cadre d’une campagne de « nettoyage ».
Quelques mois plus tard, la police faisait défiler dans les rues une centaine de prostituées et leurs clients, tous condamnés à 15 jours de prison. Les délinquants étaient suivis par les caméras des télévisions nationales et les journalistes de la presse écrite. Leur identité, ainsi que les faits qui leur étaient reprochés, étaient criés dans des haut-parleurs tout au long du « défilé ». Cette scène d’humiliation publique n’est pas sans rappeler les dérives de la Révolution Culturelle. Elle a d’ailleurs fait l’objet d’indignations de la part d’associations et notamment de la Fédération Chinoise des Femmes.
Voici quelques clichés de ces séances d'humiliation contemporaines




Les raids de police dans les lieux de prostitution sont très médiatisés




Pour la police, le flagrant délit est nécessaire car juridiquement infaillible



