La Chine cultive les paradoxes

La Chine, on l’aime et on ne l’aime pas, on l’adore et on la déteste. La Chine nous fascine et nous exaspère, elle nous charme et nous rebute. Une chose est sûre, la Chine ne nous laisse jamais indifférent, surtout après y avoir mis les pieds au moins une fois dans sa vie. La Chine a le don de savoir cultiver les paradoxes et c’est en cela qu’elle nous surprend constamment. Vivre en Chine c’est être confronté en permanence à tous ces sentiments antinomiques.

On la croit très riche et l’on y observe une extrême précarité. On la croit très pauvre et l’on y constate une richesse insolente.

On la croit rurale et l’on y voit des gratte-ciels à perte de vue. On la croit urbaine et l’on y voit des villages sans eau courante.

On la croit arrogante et l’on s’étonne d’être autant admiré, on la croit complexée et l’on est impressionné par tant de fierté inaltérable.

On la croit pudique et l’on y découvre une économie du sexe plus ou moins cachée mais omniprésente, on la croit épicurienne et l’on y découvre une jeunesse chaste et pudibonde se sacrifiant pour les études et la carrière.

On la croit travailleuse et l'on note une faible productivité du travail, on la croit sans matière grise alors qu'elle produit des technologies de pointe, envoyant hommes et machines dans l'espace.

On la croit pacifique et l'on découvre qu'elle se situe au deuxième rang mondial en ce qui concerne le budget militaire, on la croit menaçante sans jamais la voir dans les grands conflits internationaux.

C'est ça la Chine, un immense pays cultivateur de paradoxes. Une terre où se marrient les extrêmes. C'est une Chine à plusieurs vitesses, à plusieurs niveaux mais une Chine qui globalement avance à vive allure.

Jérôme Berny